Lune Ardente, tome 1 - Morgane Rugraff
Maison d'édition: Plume Blanche Genre: Dark Fantasy Note: 4/5

Résumé:
Depuis la nuit des temps, les Sombre-Lune et les Sang-de-Soleil sont des peuples ennemis. Les premiers, adulateurs de la Lune, vivent en Tsagaan, pays de glace et de neiges éternelles. Les seconds, adorateurs du Soleil, règnent en Ulaan, royaume de sable et de luxure. Sur le point de perdre la guerre, Sioban Calypsa, princesse Tsagaanienne, pactise avec le roi Callaghan Huxley, son ennemi. Elle épousera son fils ainé, renoncera à son héritage de la Lune et deviendra une princesse bâtarde en embrassant la nation du Soleil pour protéger les siens. Si la haine des princes héritiers à l'égard des Sombre-Lune, ne souffre d'aucune limite, le Soleil semble pourtant perdre de son influence sur ses enfants…
Avis:
Attention, bien qu'aucun avertissement ne figure au début de ce roman, il n'est pas à mettre entre toutes les mains. Il contient de nombreuses scènes de sexe explicite, de viols, de violences physiques, et dégage une ambiance très malsaine.
Rarement un récit m'aura mise autant mal à l'aise.
Pas un personnage auquel s'identifier, s'attacher ou ne se serait-ce que légitimer.
Sioban, pourrait paraître courageuse, altruiste, belle et aimante. Mais elle est tellement inconsciente ou pour le moins lunatique. Elle souffre du viol qu'elle subit de son futur mari imposé, Logan, mais l'autrice nous affirme qu'elle le trouve ensuite doux et tendre avec elle. Elle aime se réfugier contre son corps chaud, bavarder avec lui. Elle n'a de cesse de prétendre qu'elle ne l'aime pas et qu'elle finit par aimer Caleb mais part souvent à la recherche de Logan pour se blottir auprès de lui, tout en disant que les baisers de Caleb sont plus intenses que les siens. Non messieurs, si vous lisez ce livre, ne croyez pas (comme on vous le laisse supposer) qu'un homme ayant violé une femme, celle-ci ne lui en voudra pas « tant que ça » et finira par se consoler et apprécier sa douceur, ses caresses et son sexe. Non, il obtiendra plutôt 20 ans de prison ferme !
Logan, est un monstre d'hypocrisie et de violence. Il viole Sioban, tue son enfant et ses servantes, coupe la langue des esclaves (sauf des femmes utiles pour le sexe !), complote avec son père contre Sioban et son peuple, cache ses lettres à son père et imite son écriture pour en rédiger des fausses, couche avec la femme de son frère (« Sioban surprit Lavina, empalée sur le sexe de Logan, poussant un cri strident, avec ses mains plaquées sur sa poitrine en sueur »). L'autrice entrecoupe pourtant ses horribles divagations de remarques précisant que Logan est doux et attentionné, qu'il pense, que finalement, il aime Sioban et cherche à la protéger !...
Caleb, est violent, colérique, impulsif. Il est pris par son besoin de sexe et culbute sa femme (imposée elle aussi), Lavina, 2 ou 3 fois par jour, jusque même, dans les couloirs du château où il se fera surprendre par Sioban, en pleine besogne. D'ailleurs, la vue de Sioban qui le surprend le fera éjaculer en Lavina (!!!) car en fait, il aime Sioban et lui dit que s'il s'adonne si souvent à cette activité c'est pour assouvir ses pulsions animales. Il aime Sioban mais, jugeant cet amour impossible et de désespoir, il l'insulte, la combat à l'épée et l'agresse même quelques fois avec des « baisers volés » (et bien volés). Il reste cependant le personnage le plus sincère, même s'il n'est pas fiable à cause de son caractère, de sa frustration et de ses cauchemars mystérieux qui le hantent. Sioban l'aime aussi. Elle a confiance en lui mais pas beaucoup plus qu'en Logan dont elle ignore presque tout de ses agissements sournois.
Lavina, est une arriviste qui ne pense qu'à monter sur le trône et donc, entretient une jalousie maladive envers Sioban car elle se voyait mariée à Logan et non à Caleb qui n'est que deuxième dans l'ordre de succession. Elle n'aime ni Logan ni Caleb mais elle adore le sexe, aussi n'a-t-elle de cesse d'assouvir ses besoins tant avec l'un qu'avec l'autre ! Elle est méprisante, méchante mais aussi incompétente, stupide et faible. Sioban lui fait remarquer qu'elle ne sait pas se servir d'un arc mais seulement d'un éventail…
Maddox, est sans doute le plus honnête mais il ne fera pas grand-chose pour aider Sioban, car il n'est qu'un simple soldat et un personnage secondaire qui ne peut qu'obéir au Roi Callaghan.
Callaghan, le Roi, père de Logan et de Caleb, est un monstre de cruauté, de froideur et de détermination.
Soulignons que Sioban se fait violer deux fois. La première scène est pratiquement insoutenable car l'autrice ne nous épargne aucun détail, mettant en scène Logan et Sioban dans une tente légère et translucide offerte à la vue de la population avide et goguenarde qui attend de pouvoir récupérer, pour le toucher et le renifler, le drap ensanglanté de la jeune vierge dépucelée à quelques centimètres d'eux. Tandis que Sioban refuse, crie, supplie, pleure, Logan la viole tout en (nous précise l'autrice) la rassurant, écartant ses bras sur ses seins et ses jambes avec douceur (« Calme-toi. Regarde-moi Sioban, je ne te veux pas de mal. ») . La deuxième fois, ce sont 8 prêtres masqués qui l'obligent à se mettre entièrement nue et à s'allonger sur un autel de pierre afin de lui palper toutes les parties de son corps, dans un but inavouable (pas de spoil…).
Même les scènes d'action, de bagarres, de combat sont explicites et d'une violence extrême. Certes, c'est souvent le cas, dans d'autres publications « Fantasy », mais là, on ne trouve pas ce caractère épique, dynamique voire même enthousiasmant des combats. A la place, il y a un parfum de haine, de désespoir qui glace le sang, qui ne laisse entrevoir aucune issue possible. (« Sous leur pas, le sable rouge et gorgé se sang se faisait glissant et poisseux ») (« D'abord, ils jouiront de vous. Un par un, ou bien tous ensemble. Pendant des jours, des nuits, votre corps ne vous appartiendra plus. Il deviendra leur domaine, leur territoire. Leurs mains et leurs sexes seront vos seuls maîtres. Et quand ils auront terminé de jouer avec vous, lorsque vous ne leur serez plus d'aucun amusement, vous serez donnée en pâture à leurs chiens. »)
Ce qui est dommage, c'est que l'écriture de l'autrice est dense et riche. L'emploi du passé simple rajoute à la beauté de phrases de certains passages descriptifs ou narratifs. L'histoire elle-même n'est pas très originale (le thème général a déjà été développé dans d'autres romans) mais aurait pu constituer un récit agréable avec sa dose de suspense, de romanesque et d'aventure, les loups et les lions géants, vêtus d'armures, la lune qui éclipse le soleil, les flocons de neige et les fils d'argent,….
C'est véritablement la plume de l'autrice, dans ses descriptions poétiques et lyriques, qui m'a permis d'apprécier malgré tout cela ma lecture. Elle a réussi, après m'avoir perturbée, à me donner envie de lire la suite, afin de savoir si la morale serait sauve, ou pas. A lire la suite pour découvrir si finalement, certains personnages finiraient par obtenir ce qu'ils méritaient. A lire la suite pour savoir si un espoir était tout de même possible.
Encore une fois, ce livre est à destination d'un public adulte ET averti.
Citation:
"Hurle, princesse de la nuit. Hurle autant que tu en as besoin... Je reste à tes côtés." - Caleb à Sioban