La Guilde Des Ombres, tome 1 partie 2 - Anna Triss
Maison d'édition: Plume Blanche Genre: Dark Fantasy Note: 4,5/5

Résumé:
Sanguine
ne ressemble à aucune autre. Elle peut tuer par simple contact. Ses
liens avec Faucheur deviennent plus intimes que jamais, mais les
événements se compliquent pour la jeune femme. Les complots politiques,
comme les desseins des dieux, paraissent se resserrer autour de sa
gorge, telle une corde sinueuse. Et si sa destinée n'était pas seulement
de devenir une Ombre prodigieuse ?
Avis:
D'abord, un avertissement qui complète celui placardé en tout début d'ouvrage : ce roman est réservé à un public averti et même « bien » averti !
En effet, quelques scènes, heureusement rares, dépassent les limites de l'acceptable.
De plus, ces scènes ne sont pas perpétrées par les "méchants", les "monstres" que le lecteur a hâte de voir éliminés dans d'atroces souffrances. Non, ce sont les "gentils", les héros, les professeurs, les maîtres respectés de la Guilde.
Certes, ces scènes choquantes ne représentent que quelques pages dans l'ensemble des 1720 pages du récit palpitant, formidable, épique, captivant, mais elles viennent, quand elles arrivent, gâcher le plaisir de lire. Quel dommage ! On atteint ici une surenchère dans la violence, l'horreur ou le sexe.
A 16 ans, Panama n'est pas une jeune adolescente comme on l'imagine dans le monde réel. Elle honore, sans scrupules, ses contrats de tueuse à gages, 3 fois par semaine et copule avec Khamar, 3 fois par jour. Khamar ne l'aime pas. Il la veut et veut qu'elle lui obéisse. Il ne pense qu'à "baiser", sous toutes ses formes. Des termes vulgaires sont volontairement employés afin de bien préciser qu'il n'y a aucun amour dans leurs relations, aucune affection, aucune tendresse. Tous deux obéissent à des besoins sans limites: leur désir, leur plaisir sexuel. Kham continue ses pratiques "sado-maso" avec Bella, contraint Panama au sexe à trois (décrit avec force détails) et ne supporte aucune contrariété, aucune opposition à ses désirs, même celles de son père qu'il fait chanter, tout comme Panama, pour arriver à ses fins. Et pourtant, Panama donne toujours l'impression aveugle d'aimer Khamar, comme une adepte "formatée" par le gourou d'une secte, depuis cinq ans.
L'histoire est riche en événements et en rebondissements. On connaît maintenant bien la Guilde des Ombres et son fonctionnement mais ce dernier est de plus en plus remis en question par certains protagonistes qui considèrent que les buts, les missions originelles de Paix et d'équilibre ne sont plus toujours respectées.
La Ligue Mercantile révèle vraiment son importance et on en apprend davantage sur ses relations très étroites et de plus en plus controversées avec la Guilde des Ombres.
La Fraternité du Panthéon entre aussi de plus en plus dans la lumière ainsi que le Royaume des Terres Immémoriales qui semble avoir à jouer un rôle de plus en plus important dans l'avenir, laissant un petit espoir de laisser triompher un peu de Morale en Terreflamme, face à l'Univers du Vice et de la Violence incarné par Clepsydre.
Les combats sont décrits avec force détails et ne nous laissent pas plus souffler que les combattants eux-mêmes. On est happés, accrochés par la qualité littéraire indéniable de l'auteur qui nous immerge dans son Monde extraordinaire autant que dans le récit et dans l'action. On combat aux côtés de Panama, on esquive, on frappe, on virevolte comme elle, on souffre des douleurs qu'elle subit sous les multiples coups qu'elle reçoit. On la voit rire de bon cœur, pleurer ou crier, râler ou se mettre en colère. On la voit repenser au passé et espérer de l'avenir. L'autrice a ce talent de nous faire participer activement à son incroyable récit. Ses descriptions, ses narrations, parfois fort longues, nous permettent de connaître par cœur cet univers féerique, de nous l'approprier, comme un Univers qui devient familier. Quand on rouvre le livre, après l'avoir laissé un moment, on part vraiment en voyage vers Terreflamme et on oublie complètement le Monde réel, totalement immergé dans le Monde imaginé par Anna Triss. Les scènes très « trash » ont d'autant plus de portée sur le lecteur, qui les trouve assurément insupportables.
Les longues narrations, descriptions et dialogues sont entrecoupés de meurtres abjects, de complots sournois, de chantages criminels et lâches sur des êtres chers (même les plus chers !), de mensonges, d'hypocrisie, de vengeances sanglantes.
Les 250 dernières pages sont tellement palpitantes mais aussi sidérantes qu'on tombe littéralement dans un « page-turner » addictif qui pourrait bien nous emprisonner dans le Monde d'Anna Triss et nous empêcher de revenir dans le Monde réel !...
De nombreuses questions restent posées et, en ce qui me concerne, un espoir sur la suite que je ne pourrai pas m'empêcher de dévorer. Espoir sur l'émergence d'un peu de Moralité, d'Amour, de Fraîcheur… Mais aussi l'espoir que je finirai par m'attacher à des personnages comme Panama (alias Sanguine) et/ou Khamar (alias Faucheur) car, à la fin de cette première longue partie, cela m'est totalement impossible. Mes personnages préférés sont Vins (alias Noirelame), Menos (le Veilleur), Cléomène (la Cuisinière) et Abink Solani (alias Beladyn, alias Brasier).
Au final, cette extraordinaire DARK Fantasy ÉROTIQUE, a pour principal défaut, d'après moi, de faire participer à toutes les horreurs relatives au genre en question, des enfants, parfois même de jeunes, de très jeunes enfants. J'aurais pu alors être dérangée, parfois horrifiée ou écœurée, comme c'est le but de la Dark Fantasy, mais je n'aurais pas été « choquée ».
Inutile de préciser que, malgré ce défaut, j'ai vraiment hâte de lire la suite de cette saga, en mettant tous mes espoirs en l'évolution possible de Panama.
Citation:
"Avant de te laisser voler de tes propres ailes, sache que ma porte sera toujours ouverte à Panama Carswell et à Sanguine, à la femme que tu choisis d'être aujourd'hui et celle que tu choisiras d'être demain. Je serai là pour toi en cas de doutes et de besoin, ma fille. Malgré les apparences, je serai toujours là pour toi. Jusqu'au bout du chemin." - Jerys Targam, alias Fournaise